Je me suis plusieurs fois posé la question à savoir si j'aurais moi-même choisi d'avoir recours à une mère porteuse si je n'avais pas pu porter mes enfants. Heureusement, je n'ai jamais connu l'infertilité et je n'ai jamais eu à prendre une décision aussi importante (et probablement assez difficile).
En vérité, je ne sais pas si j'aurais même choisi d'avoir recours à une méthode de procréation assistée, telle que l'insémination artificielle ou le processus de fécondation in vitro. Juste parce que ces traitements ont des coûts exorbitants, mai je ne sais pas si j'aurais réussi à trouver la patience et le courage nécessaires pour passer à travers toutes les étapes requises: les tests, les évaluations psychologiques, les médicaments, les procédures médicales, les rendez-vous interminables, d'autres tests, les nombreuses périodes d'attente. Puis ensuite les imprévus, les échecs, les inévitables pépins.
Bien sûr, toutes ces étapes difficiles je les ai vécues malgré moi au cours de mon projet de mère porteuse, mais au moins je n'ai jamais eu à vivre avec l'angoisse et l'incertitude, le fait de ne pas savoir si tout cela me permettra d'accomplir un jour, bientôt idéalement, mon rêve de devenir maman. Je ne sais pas à quel point j'aurais été prête à mettre ma vie « sur hold » pour poursuivre cet objectif grandiose. Je ne sais pas jusqu'où j'aurais été prête à aller, ce que j'aurais été prête à sacrifier, quelles parties de moi-même j'aurais été prête à mettre de côté pour me dévouer à mon projet de bébé. À quel point mon désespoir et mon désir d'enfant l'auraient emporté sur l'acceptation de mon infertilité.
Toutes ces questions, je ne crois pas que personne ne puisse y répondre sans être passé par là, sans avoir connu la frustration et la déception liées au fait de ne pas être capable de concevoir. Ou d'être capable de concevoir, mais de ne pas pouvoir porter son enfant.
En ce qui concerne la décision d'avoir recours à l'aide d'une autre femme pour porter son enfant, je crois qu'il s'agit là d'un acte de confiance qui dépasse la raison. Accepter de faire confiance non seulement à la nature et au destin, mais aussi à un autre être humain, souvent que l'on connaît à peine, à qui l'on devra confier l'entière responsabilité de la vie de son enfant pour les neuf premiers mois. Encore plus qu'une gardienne qui s'en occupe pendant une journée, ou même un weekend, on accepte de confier le développement de notre bébé à partir du moment où il est composé de 6 à 8 cellules, jusqu'à ce qu'il soit prêt à naître. Je me demande parfois à quel point cette décision est basée sur la confiance, plutôt que d'un acte de désespoir et de résignation. Il s'agit habituellement de la dernière option.
Même si je ne suis pas dans leurs souliers, je suis fort consciente de tous les efforts que notre projet demande à Natasha et Stéphane. Surtout pour Natasha, qui doit inévitablement se battre contre son envie incessante d'être rassurée que tout va bien, que sa petite fille est en santé, qu'elle s'en vient bientôt. Je ne peux pas m'imaginer l'angoisse de devoir vivre sa propre grossesse à distance. Parce que cette grossesse, ce n'est pas la mienne. C'est celle de Natasha. Mon corps est peut-être enceinte, mais pas mon esprit. La vraie femme enceinte, c'est Natasha. Et je ne peux faire autrement que lui vouer toute mon admiration pour son courage, son sang-froid et sa patience.
J'espère seulement qu'elle sait à quel point ce projet me tient à coeur, à quel point je suis prête à tout pour protéger sa fille et faire en sorte qu'elle naisse en excellente santé. J'ai tellement hâte de voir Natasha et Stéphane accueillir cette petite fille tant attendue...
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